Dans un monde toujours plus digitalisé, nous assistons à la montée en flèche de la pollution numérique. La pollution numérique, ce sont toutes les formes de pollution engendrées par les nouvelles technologies. Le secteur du numérique est responsable de 4% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, soit 1.5 fois plus que le transport aérien ! Il s’agit finalement de l’une des industries les plus polluantes aujourd’hui…
Dans cet article, nous verrons quels sont les principales causes de cette pollution et nous vous donnerons quelques astuces afin de réduire votre empreinte numérique au quotidien.
Les principaux facteurs de la pollution numérique
La fabrication des appareils
Contrairement aux idées reçues, la plus grande partie de la pollution numérique est engendrée au moment de la fabrication des appareils, et non lors de leur utilisation. En effet, près de la moitié des gaz à effet de serre émis par la filière numérique provient en fait de cette phase de fabrication (47%). Pour produire un appareil à forte composante électronique, c’est en moyenne 50 à 350 fois son poids en matières premières qu’il faudra importer des quatre coins de la terre…
Prenons l’exemple du smartphone, dont la fabrication est particulièrement énergivore ; il faut 80 fois plus d’énergie pour produire un gramme de smartphone qu’il n’en faut pour faire un gramme de voiture. En effet, 90% de l’énergie consommée par un smartphone est générée lors de sa fabrication, qui requiert des dizaines de métaux et terres rares provenant du monde entier. L’île de Bangka en Indonésie est riche en étain, matériau utilisé pour les soudures des téléphones. Mais l’exploitation minière d’étain est responsable de la détérioration de plus de 65% des forêts et de plus de 70% des récifs coralliens de l’île. En plus d’être très néfaste pour l’environnement, l’extraction des métaux et des minéraux est à l’origine de nombreux ravages humains. Partout dans le monde, des hommes, des femmes et des enfants travaillent dans des conditions déplorables pour permettre la fabrication d’objets technologiques, les exemples sont nombreux. Selon l’UNICEF, 40 000 enfants travailleraient dans les mines de coltan et de cobalt en République démocratique du Congo. Situés dans des puits de 60 cm de profondeur difficilement accessibles par des personnes de taille adulte, ces minerais sont souvent utilisés dans les batteries et les condensateurs des téléphones.
Finalement, entre la conception, l’extraction et la transformation des matières premières, la fabrication, l’assemblage et enfin la distribution, un smartphone parcours en moyenne 4 fois le tour du monde avant d’arriver entre nos mains !! Et les conséquences sur les écosystèmes sont bien réelles ; rejets toxiques, pollution de l’eau, de l’air et des sols, épuisement des ressources…
Le fonctionnement du réseau
Si internet était un pays, ce serait le 3ème plus gros consommateur d’électricité mondiale après la Chine et les Etats Unis. C’est un système si complexe que l’on a souvent du mal à se le représenter. Il est pourtant bien présent, là, juste sous nos yeux… ou plutôt sous nos pieds ! Charque information que l’on recherche sur internet doit transiter dans des milliers de câbles sous-alimentation électrique et faire appel aux Data Centers, afin d’être envoyée au destinataire final.
Les Data Center, ou Centres de Données en français, qu’est-ce que c’est ? Imaginez-vous 10 terrains de football assemblés… Vous y êtes ? Eh bien voilà la superficie moyenne d’un Data Center ! Pour faire simple, ce sont d’immenses sites physiques qui contiennent des rayons entiers de serveurs, routeurs, et autres installations informatiques, qui servent à stocker et à transmettre des données. Ainsi, les entreprises peuvent y stocker leurs données numériques et y avoir accès à tout moment de manière très sécurisée… ce qui demande énormément d’énergie ! Certains data centers aux Etats Unis consommeraient l’équivalent d’une ville de la taille de Strasbourg ou de Bordeaux. Et à l’échelle mondiale, les Data Centers seraient responsables de 2% des gaz à effet de serre, soit la moitié de ceux produits par la pollution numérique. En effet, les serveurs et les ordinateurs traitent des données 24/24h, ce qui dégage beaucoup de chaleur et nécessite un système de refroidissement pour éviter qu’ils ne tombent en panne ou s’enflamment. Finalement, la climatisation représente 30 à 40% de la consommation totale d’électricité d’un data center. Selon des recherches menées par les scientifiques de la Walsh University, les systèmes de refroidissement rejetteraient dans l’environnement des substances chimiques nocives pour la faune et la fore. Dans le monde, on compte aujourd’hui plus de 8 millions de Data Centers ! Forcément, la construction de ces immenses centres de données altère la biodiversité, en privant certaines espèces de leur habitat naturel.
Pour réduire leur impact environnemental, des solutions pour relier les Data Centers à des sources d’énergies renouvelables sont développées par certains géants du numérique. Google par exemple a décidé d’investir 2 milliards d’euros dans la construction d’un data center en Finlande, qui utilise l’eau de la mer Baltique afin de réduire l’énergie nécessaire à son refroidissement. Mais ce n’est pas le cas de toutes les entreprises, et du progrès reste à faire…
L’utilisation des équipements numériques
Visionner un film ou une série sur une plateforme de streaming, faire une recherche sur internet, poster une photo sur les réseaux sociaux, envoyer un email… autant de gestes du quotidien qui nous paraissent anodins et qui pourtant contribuent activement à la pollution numérique. En parlant d’emails, saviez-vous que 10 milliards sont envoyés à travers le monde chaque heure, ce qui correspond à 4 000 vols aller/retour Paris-New York ? Au final, envoyer un email avec une pièce jointe génère 19 grammes de CO2, ce qui revient à laisser une ampoule allumée pendant une heure !
Et qu’en est-il de nos recherches faites sur internet ? Chaque jour, environ 3.5 milliards de requêtes sont effectuées sur Google. Sachant qu’une seule recherche Google équivaut à 5 ou 7 grammes de CO2, on vous laisse imaginer la pollution engendrée… Allez, on vous donne un petit coup de pouce ; Google représente à lui tout seul 40% de l’empreinte carbone d’internet, ce qui en fait le plus gros pollueur du monde du numérique !
Il existe encore de nombreux exemples et équivalences… Quoi qu’il en soit, ces chiffres sont effrayants et en disent long sur la situation actuelle et sur l’importance d’agir dès maintenant !
La destruction des équipements numériques
En 2019, 53.6 millions de tonnes de déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) ont été produites dans le monde. Et seulement 9.6 millions ont été collectées et recyclées, permettant ainsi de récupérer certains métaux précieux et réutilisables que contiennent ces DEEE. Pour ce qui est du reste, ils sont bien trop souvent incinérés, enterrés ou encore exportés illégalement vers des pays moins développés comme l’Asie et l’Afrique. Là-bas, ils sont jetés dans des décharges à ciels ouverts qui participent activement à la pollution des sols et de l’air. Certains y seront brûlés afin de récupérer le cuivre ou d’autres composants, dégageant ainsi des fumées toxiques pour l’environnement et la santé des populations.
Le secteur du numérique est aujourd’hui responsable de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, et on estime que cette valeur devrait doubler d’ici 2025… La pollution numérique est-elle inévitable ? A l’ère du digital et de la dématérialisation, nous tendons de plus en plus vers de nouvelles solutions technologiques toujours plus innovantes et une hyperconnectivité maximale et permanente. Quoi que l’on puisse dire, c’est nouveaux outils ont considérablement transformé nos modes vie, en améliorant nos échanges et le partage de l’information de manière instantanée. Alors non, nous ne vous demandons pas de tout couper et de retourner vivre dans une grotte. L’important, c’est avant tout de prendre conscience de son empreinte numérique et d’adopter quelques gestes au quotidien pour essayer de la limiter, chacun à son échelle. Car il n’y a pas de petits gestes lorsqu’on est des millions à les faire 😉
Sources :
Trois chiffres pour comprendre l’immense impact écologique du numérique | Europe 1
La pollution numérique, c’est quoi ? | Greenpeace
[Infographie] La pollution numérique en chiffres | Les Horizons
Pollution numérique : la nouvelle pollution des temps modernes | France 3 Nouvelle-Aquitaine
Internet : une pollution virtuelle ? | France 24
L’incroyable impact de la pollution numérique et les bonnes pratiques à adopter très vite ! | Grizzlead
La face cachée du numérique | ADEME
Quels sont les impacts d’un smartphone ? | Mmaterre
Google investit 3 milliards d’euros dans ses Data Centers européens | Le Big Data
Les déchets électroniques ont fait un bond de 21 % en 5 ans ! | Futura Sciences
Enquête sur les mines d’étain | Les amis de la Terre France